Ce rapport examine la situation du régime foncier pour le pastoralisme et sa gouvernance dans le sud du Burkina Faso, et décrit les mesures qui peuvent être prises pour la sauvegarder.
Les conflits liés aux pâturages et les pressions exercées sur ces derniers ont augmenté en raison du changement climatique, notamment la modification du régime des précipitations, le raccourcissement des saisons des pluies et l'augmentation des périodes de sécheresse. L'expansion des cultures, en particulier du coton, a grignoté les pâturages et l'eau des pasteurs.
Ce rapport technique, examine le régime foncier du pastoralisme et sa gouvernance au Burkina Faso. Il se concentre sur les pasteurs ayant migré dans les années 1970 et 1980 du nord vers le sud, poussés par la sécheresse de plus en plus fréquente dans le nord. Les pasteurs cohabitent aujourd'hui avec des agro-pasteurs dans une zone relativement peu peuplée car autrefois frappée par la cécité des rivières, un fléau qui a pris fin avec l'éradication du vecteur de cette maladie, la mouche noire, dans les années 70.
Notre étude passe en revue la littérature sur le pastoralisme et le régime foncier dans le pays, en utilisant le cas du village de Tigré, commune de Bindé, province du Zoundwéogo, dans la région Centre-Sud du Burkina Faso, où nous avons interrogé les pasteurs résidents, les Wakilé Allah.
Nos résultats montrent que les pasteurs utilisent des terres traditionnellement consacrées à l’élevage. Ces terres appartiennent à des propriétaires privés, mais sont gérées en vertu de droits collectifs et coutumiers. Le régime foncier coutumier s'aligne sur Loi nationale d’orientation foncière et de développement rural (LORP), qui réserve les terres au pâturage.
Bien que le système coutumier de gestion des pâturages soit largement accepté, des inquiétudes subsistent quant à la sécurité foncière, menacée par la perte de la cohésion sociale, des espaces pastoraux non délimités, l'empiètement de l'agriculture et l'application inadéquate de la loi.
Pour répondre aux menaces qui pèsent sur le régime foncier des pasteurs, il faut trouver un équilibre qui préserve les pratiques traditionnelles tout en assurant une protection juridique grâce à la gestion et à l'enregistrement des terres. Les pâturages doivent être enregistrés au nom du groupe pastoral ou de la commune, une étape qui comprendra l'élaboration de règles d'utilisation des pâturages et d'une charte foncière locale.