Ce rapport évalue comment l'accès à la terre peut constituer un levier de résilience pour les réfugiés, notamment pour les ménages dirigés par les femmes soudanaises réfugiées dans l'est du Tchad.
En 2025, plus d’un million de réfugiés soudanais, principalement des femmes et des enfants, vivent dans l’Est du Tchad, certains depuis plus de 15 ans. Le gouvernement tchadien et ses partenaires humanitaires souhaitent soutenir leur autonomisation par l’accès à la terre. Néanmoins, cet accès se fait aujourd’hui principalement par des accords avec les communautés hôtes selon des conditions méconnues.
Cette étude explore les obstacles et opportunités d’accès à la terre des réfugiées soudanaises dans l’est du Tchad, en analysant les perceptions des communautés. Elle examine les barrières systémiques, l’impact des caractéristiques sociales des femmes sur leur accès à la terre, et les opportunités pour améliorer la coordination des acteurs.
Les données recueillies proviennent de 30 groupes de discussion menés avec plus de 300 personnes des camps de Touloum, Djabal et Abou-Tengué en février 2025. Elles sont complétées par une revue de la littérature grise et académique, une étude des budgets nationaux, et des entretiens qualitatifs réalisés auprès d’acteurs humanitaires, administratifs, coutumiers, et de spécialistes des questions de genre et de foncier au Tchad, entre octobre 2024 et février 2025.
L’engagement du Tchad et de ses partenaires humanitaires et de développement en faveur des réfugiés reste freiné par l’absence d’objectifs clairs concernant l’accès des femmes à la terre. Face à la baisse des financements, repenser l’accès à la terre comme enjeu transversal permet d’éviter des appuis inefficaces et mal ciblés.
Les hôtes et les réfugiés reconnaissent largement que les femmes réfugiées accèdent moins à la terre si elles sont enceintes ou seules avec des enfants jeunes ou des personnes handicapées à charge. A l’inverse, la jeunesse et le soutien de la famille proche, notamment des adolescents, sont perçus comme des avantages clés.
La marchandisation des terres accentue les inégalités de genre en empêchant les femmes réfugiées sans garant masculin d’accéder à la terre.
La confusion entre accès et utilisation des terres est une source de tensions entre communautés, fragilisant la coexistence pacifique et les programmes de villagisation.
Recommandations