Causes profondes des conflits entre agriculteurs et éleveurs et leur impact sur les systèmes alimentaires locaux: Études de cas au Soudan, au Nigeria et au Mali
Cette note d’orientation vise à comprendre les causes profondes et les impacts des conflits entre agriculteurs et éleveurs à travers une analyse des systèmes de production alimentaire et de l’économie politique.
Les conflits entre agriculteurs et éleveurs en Afrique ont fait l’objet d’une attention accrue ces dernières années dans les médias, les milieux universitaires et les cercles de décision politique, en raison des inquiétudes suscitées par l’augmentation et l’intensification des conflits au sein des groupes et entre eux. Toutefois, malgré cette attention, une revue systématique de la littérature sur les conflits entre agriculteurs et éleveurs n’a identifié que peu d’études primaires approfondies. Cette revue a également montré que les femmes et les jeunes sont sous-représentés dans ces travaux.
Cette note d’orientation vise à comprendre les causes profondes et les impacts des conflits entre agriculteurs et éleveurs à travers une analyse des systèmes de production alimentaire et de l’économie politique. Elle met l’accent sur les relations et les effets sur les systèmes alimentaires, tout en reconnaissant le caractère politisé de ces conflits.
L’étude a combiné des discussions de groupes de discussion (focus groups) avec des entretiens auprès d’informateurs clés. Les recherches ont été menées entre 2023 et 2025. Au Soudan, l’étude s’est déroulée dans le village d’Azaza Sogora, dans l’État de Gadarif ; au Nigeria, dans le quartier de Jangargari, zone de gouvernement local d’Awe, dans l’État de Nasarawa ; et au Mali, dans la commune de Sio, région de Mopti. Tous ces sites ont été choisis en raison de leur historique avéré de conflits entre agriculteurs et éleveurs.
Messages clés
- Causes profondes complexes : Les conflits entre agriculteurs et éleveurs sont profondément enracinés dans une interaction complexe de facteurs historiques, politiques et économiques. Ils sont alimentés par la diminution de la mobilité pastorale, les conflits liés à la concurrence pour l’accès à la terre et à l’eau, l’expansion agricole et le changement climatique. Ces facteurs exacerbent les tensions entre les communautés agricoles et pastorales.
- Impact sur les moyens d’existence et la sécurité alimentaire : Les conflits continuels perturbent considérablement les moyens d’existence, entraînant une baisse de la productivité agricole, la perte d’accès à des ressources essentielles et une insécurité alimentaire accrue. Les groupes vulnérables, en particulier les jeunes et les femmes, sont les plus touchés par ces perturbations, car ils ont souvent peu de possibilités économiques autres que l’agriculture ou l’élevage traditionnels.
- Dynamique entre les genres lors de conflits : Les femmes et les jeunes sont souvent marginalisés dans les processus de résolution des conflits. Alors que la littérature les présente souvent comme des victimes, leur potentiel en tant qu’artisans de la paix et participants actifs à la résolution des conflits est largement méconnu. Les rôles attribués à chaque genre influencent les expériences et les réactions face aux conflits, avec des impacts différents selon le genre et l’âge.
- Polarisation et violence : Les conflits entraînent une animosité accrue entre les groupes, ce qui se traduit par des flambées de violence répétées pouvant dégénérer. Cette hostilité est souvent transmise aux jeunes générations, perpétuant ainsi des cycles de méfiance et d’hostilité qui entravent les efforts de consolidation de la paix.
- Nécessité d’une gouvernance et de solutions inclusives : Pour résoudre efficacement les conflits entre agriculteurs et éleveurs, il faut adopter des approches de gouvernance inclusives qui associent activement les femmes et les jeunes à la prise de décision. Il est impératif de traiter de manière collaborative la question de l’attribution des terres et de la gestion des ressources afin de garantir une coexistence durable entre agriculteurs et éleveurs.


